Pierre, Claude, Lyly et... Parkinson
La plus belle rencontre faite au salon du livre de Malestroit : Pierre Hervy, linguiste, parlant plusieurs langues dont le géorgien, la langue de sa femme. Quel plaisir ce fut d'échanger avec lui et Parkinson s'est fait tout petit, ravivant dans l’œil de Pierre toute la joie de l'échange autour des mots, des langues, du sens... bref, nous étions intarissables, lui et moi... Je lui avais promis de retranscrire ici l'article de presse dans le journal local le concernant, ce, dans le cadre d'un projet de publication élargi car il était évident pour moi de demander à mon amie Lyly de me faire de son côté un écrit plein de vie et de vérité à propos de ce Parkinson qu'elle côtoie depuis déjà 25 ans en tant qu'aidante auprès de son mari que j'ai l'honneur de connaître aussi. Bravo encore à vous trois pour votre façon d'être pleinement au monde malgré ce foutu Parkinson !
Fran Nuda
Fran Nuda
Toile de Liliane Julé : La voix des masques
La voix des masques... de Claude
Parkinson
revêt sa veste de velours, cela fait depuis des années qu'il est entré par la
porte sans jamais repartir ; il s'est attaché à moi, compagnon
embarrassant, car il s'impose, m'envahit tous les jours un peu plus avec tant
de perfidie ; même, il se colle à moi en voyageant du soleil levant au soleil
couchant, il s’infiltre dans les moindres événements. Parfois mes instants de
silence s'installent ; ma douceur
est déroutante, ma soumission ou ma
profonde sagesse surprennent un peu, mes yeux reflètent souvent cette
fragilité, mais aussi cette force drapée par ce silence, mon regard vagabonde,
enveloppant d'un voile aux mille rêveries où je m’évade vers des contrées
d'un autre passé où bien souvent ces souvenirs sont pour moi des accords muets
et lourds qui se transmettent par une petite larme furtive que je
m'empresse d'essuyer d'un revers de main par pudeur ; parfois mes mains
pianotent dans le vide sur tes notes où la musique reste silencieuse, souvent j'ai crié, me suis battu contre ce copain sournois, je lutte contre
ses agissements malveillants, je continue le chemin dans le monde des
vivants, respirant les parfums des jardins du bonheur ; pas une minute perdue
aux plaisirs et aux bons moments, même si je suis son jouet me diminuant lentement, dans l'ombre... il
tisse le dénouement de ma vie pour me désarmer ; mais près de moi j’ai mon
adorable bouffon qui s'agite autour de moi pour me rejoindre, entre baisers et
caresses réconfortantes, car ma peine est aussi la sienne... Rester
debout, le corps bien droit, tenir jusqu’au bout ! Ne cherchez pas sur
mon visage la moindre trace, vous ne verrez rien, c'est une souffrance de
l’intérieur, un parcours de combattant que je vis tous les jours à chaque
instant qui étonne aussi… Et qui un
jour me conduira sur le bord de la route, sans souvenirs, en pleine déroute
!
Marwychkka/ Lyly, l'adorable ''bouffon''
Pierre Hervy : L'homme qui marche avec Parkinson
Article du journal local Pays de Malestroit du 9/10/2018, les infos 2227
Pierre Hervy :
l'homme qui marche avec Parkinson
Si Paddington est un
ourson sympathique, Parkinson est un oursin qui pique la curiosité
des chercheurs désormais penchés sur le système digestif des
malades pour trouver le moyen de ralentir le mal qui les ronge.
Pierre Hervy, 73 ans, vit avec cette boule piquante depuis '' environ
cinq ans. J'avais identifié le problème avant de consulter. J'ai
passé des tests et mon médecin a confirmé mon intuition. '' La
perte de l'odorat est paraît-il un symptôme fréquent. De même que
les tremblements. '' Je n'ai jamais tremblé. J'avais
seulement du mal à écrire et j'écrivais plus petit. ''
Lors
de son intervention à Missiriac, le neurologue Pascal Derkinderen a
évoqué une '' maladie du mouvement.'' Toujours est-il
que Pierre Hervy bouge tout le temps pour oublier les piqûres de
l'oursin. Le Malestroyen a entamé un combat contre l'immobilité
psychologique et physique. Comment ? Essentiellement en marchant
et en chantant. '' Prendre de la dopamine pour atténuer les
symptômes ne me suffit pas. Je ne veux pas être enfermé dans une
image de malade. Je n'aime pas la pitié. J'essaie de ne pas y
penser. Le regard des autres ? Je commence à m'en fiche... même
si c'est plus facile à dire qu'à faire. ''
Pélerin
dans l'âme, Pierre Hervy a toujours suivi le chemin de l'aventure.
Et dans ''aventure'' il y a
''vent'',
celui de l'espérance. C'est ce souffle qui le pousse à chanter des
airs de Vivaldi dans les églises, '' et en latin : je
connais la partition par cœur. '' Une fois par semaine, avec
l'ami Dominique, le choriste de ''Forlane'' ( chorale de Riffiac )
donne de la voix dans la maison du seigneur de Saint-Congard. Pierre
Hervy imagine aussi ses propres chorégraphiques gymniques à l'aide
de son bâton en quête d'équilibre et d'harmonie, comme pour mettre
à l'épreuve la symétrie de ses deux hémisphères cérébraux.
'' Je chante plusieurs
heures par jour. J'essaie d'établir de nouvelles connexions avec le
monde. Je marche beaucoup. Je parle avec les gens. J'aime leur faire
découvrir ma ville. Je fais de la gym le matin place Kerhervé. Je
pratique aussi le chi-gong. ''
''L'homme
qui marche'' est ce chef d’œuvre qui rendit célèbre le sculpteur
Giacometti en 1960. Pierre Hervy marche dans ses pas pour ne pas
oublier sa trace...
La voix des masques, a dit Lyly et je rajouterais : la voix démasque... merci à vous, vraiment de ces si beaux témoignages de vie. Je vous aime. F.
Voir aussi sur ce blog :
Couleurs vénitiennes, Sylvie Flamand et Lyly Julé
Encore un post bien émouvant...mes douces pensées à tous... et merci pour cette belle langue! 😊
RépondreSupprimerJe te remercie Anne de ton regard posé sur parkiston lyly
SupprimerMerveilleux témoignage de Liliane ,j'ai l'impression de voir ce combat qu'elle mène tant son texte est vivant ...
RépondreSupprimerEt le texte de Pierre Hervy est un hymne à la vie !c'est magnifique ..
Que d'émotions dans ces deux histoires ..
On ne dit jamais assez aux gens qu'on aime combien on les aime !!!!
.
Merci à toi... je laisse Lyly poursuivre...
Supprimerje te remercie Patricia de ton gentil commentaire lyly
SupprimerDeux récits très émouvants écrits avec la fureur de vivre. Je suis très touchée car j'ai connu cette descente aux enfersenfers et le regard des autres oh combien difficile à surmonter au début. Mais j'ai eu de la chance que Parkinson ne donne pas. Beaucoup de courage à tous ceux atteints de cette maladie et profitons de l'instant présent, savourons le bon que la vie nous offre sans oublier qu'elle peut nous le reprendre bien vite
RépondreSupprimeroui c'est exactement ça et si bien dit, Nicole : " la fureur de vivre " et je laisse Lyly, peut-être aussi Pierre - je ne sais pas s'il pourra le faire directement mais je me ferai alors son porte-parole - te répondre et te remercier. merci à toi pour ce témoignage.
Supprimermerci beaucoup Nicole et je sais ce que tu as dû ressentir en lisant parkiston
Supprimer" la fureur de vivre " aurais pu être un titre approprie aussi
et comme tu le dis si bien profitons au maximun de ce que nous offre la vie ....
Que peut on rajouter à ces textes ... Ce Mal qui s’infiltre en vous , ce mal qui vous fait souffrir Et vous diminue. , ce mal qui prend les rennes de votre vie et celle de tout ceux qui vous entourent ....
RépondreSupprimermerci Lyly pour ce dessin , merci Fran pour ces textes , et bravo bravo au courage que tous faites preuve pour lutter contre l’emprise de ce Parkinson
euh... les textes ne sont pas de moi... le premier de Lyly - magnifique texte - et le second est un article de journal. j'ai assuré la manutention... ;)
Supprimermerci Sylvie t avoir si bien écrit ton commentaire cela me touche !
SupprimerOui quand un être cher est touché il faut lui donné un second souffle de vie pour aller toujours plus loin...
Je sais Fran que les textes ne sont pas de toi .... ça n’empêche pas leur qualité !
SupprimerA vrai dire c’était pour te remercier de les faire paraître ..... sur ton blog .
merci Lyly , je t’admire et surtout ton mari aussi 😍
SupprimerMerci Sylvie de ton admiration à mon égard mais c est surtout l amour de l autre
Supprimerqui nous entraîne et entraide allez jusqu au bout de cette histoire ensemble...
bisous à toi Marwychkka(Lyly)
Un peu trop touchée de très prêt par ces deux textes pour trouver les mots...juste merci pour ces témoignages émouvants et bravo pour parler si bien de cette lutte de tous les jours...
RépondreSupprimermerci Marie Helene d avoir eu un regard sur ses textes !
Supprimerje comprends que vous ne puissiez pas vous exprimer car personnellement comme je le dit dans le texte il m a fallu beaucoup de temps pour l accepter ....
Pour toi mon amie Fran un très grand merci de ta gentillesse et du temps passé sur cet ouvrage
RépondreSupprimertrès intèressant le récit de monsieur Hervy Pierre
je suis toujours émue sur parkiston ...
claude te remercie aussi il a apprecié ton travail a été très interessé par le récit de ce mr Hervy Pierre
potselui Marwychkka ( Lyly)
Peirre Hervy m'a envoyé un mail après lecture sur le blog, un seul mot en majuscule : MAGNIFIQUE...ce qui te revient Lyly en grande partie par ce texte d'une grand ejustesse, vérité et beauté que tu nous donnes à lire : vraiment MERCI à toi et à Pierre pour vos témoignages emplis de vie.
SupprimerDeux textes bien émouvants et chapeau aux personnes atteintes et leurs proches de lutter contre cette maladie et de continuer à vivre l'instant présent.
RépondreSupprimermerci beaucoup Patsy de ton si gentil commentaire et d être toujours presente !
SupprimerLyly, à mon tour de te dire ceci :
RépondreSupprimertu as mis à distance la maladie tout en nous la faisant traverser comme une ombre qui se faufile de part et d'autre, tel un cygne noir. tout est dans les silences que tu poses et combien la suggestion en révèle les dégâts et le combat à mener tant par celui ou celle qui en souffre que par celui ou celle qui accompagne.
Merci, Lyly, pour cela
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SupprimerJe te remercie mon amie Fran de ton ressenti qui m a beaucoup émue !
Supprimeren espérant que ce petit reportage pourra donner un peu de lumière à ceux qui souffrent et ceci sans prétention de ma part ...
potselui Marwychkka (Lyly)
Monsieur Pierre Hervy merci d avoir pu un peu contribué a votre histoire avec " l oursin piquant"
RépondreSupprimerje suis admiratif des activités que vous faîtes et comme dis si bien mon amie Nicole Darridol
" la fureur de vivre " est en vous comme claude , je vous souhaite de tout coeur bonne route ...
Marwychkka(Lyly)
Reçu ce jour de la part de Pierre Hervy :
SupprimerRemerciez tous les amis. Je suis très touché par l'article de Lily et les commentaires de tous.Je suis toujours en marche et Parkinson s'est planqué sous mon clavier.
Géronimo a repris les armes contre lui
Il me fait marcher tous les jours à sa manière etc
Positivement vôtre
Touchant. Je ne ferai pas plus de commentaires et ne m'étendrai pas davantage sur le sujet.
RépondreSupprimerAqr Alpha je comprends et respecte ton choix
Supprimermerci t avoir posé ton regard sur ses écrits ...
Des textes qui incitent à se dire que quand on n'est pas accompagné de Parkinson, tout est plus facile quels que soient les aléas de la vie ... et la toile des masques me fait penser à tout ce que les personnes atteintes de cette maladie doivent cacher ... et se cacher pour continuer à avancer ...
RépondreSupprimerBienvenue à vous sur ce blog... je ne sais si Lyly est au courant de votre passage sur son article pour vous en remercier personnellement.
SupprimerMerci beaucoup Nuda Fran !
Supprimerspasibo Mari klod za vash kommentariy chto vy
RépondreSupprimerchuvstvovali chto tak.....
merci Marie Claude de ton commentaire que tu l ai ressenti comme cela ....
Chère Lyly ... des personnes dans la famille de mon mari l'ont rencontré ... ou le rencontrent encore !...
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