Le doux désir du Deux: Le manque, Le don, Fran Nuda, Hopper, Morning in the city
Le doux désir du Deux... aujourd'hui, le manque et le don... jour 2 de la publication. Vous en trouverez deux à suivre jusqu'à la fin de cet essai que je vous offre ici, gracieusement, en espérant que cet essai sera source de discussion, de réflexion, seul(e), à deux, selon... Goethe écrivait : "La fin première et dernière
de toute activité littéraire, c'est la reproduction du monde
qui m'entoure via le monde qui est en moi ; toute chose devant être
saisie, reprise et recréée, assimilée et reconstruite sous une
forme personnelle et originale". Tout commentaire est bienvenu sachant que ce blog est un lieu d'échanges dans le respect d'autrui bien sûr. Que cette publication vous soit propice d'une façon ou d'une autre... Il m'a semblé que cette toile de Edward HOPPER correspondait quelque peu à ces deux textes.
Fran Nuda
Fran Nuda
![]() |
Morning in a city Edward Hopper, 1944 Huile sur toile 111,8 x152,4 Boston, Musée des beaux-Arts |
Le manque
La
tyrannie du Tu, manifeste ostentatoire du trou d'air !
Comme
une poche percée dans le cœur, il distribue à tous vents ses sentiments les
meilleurs, comme des billets doux coincés dans l'étau de sa peine. Au moindre
mouvement de l'autre vers lui, il accourt, plonge, tête baissée, dans le regard
narcissique et pervers de qui a percé son secret pour en tirer profit. Bien que
noyé dans cet écart, il se regarde dans le miroir déformé du manque à combler.
Le
trou noir de la psyché accomplit son œuvre de corruption !
Quel
est ce besoin qui fait courir la gazelle pourchassée ? Pourquoi cette course effrénée pour aller de
l'avant ? Quel moteur accélère son cœur au point de passer à côté de ce
qui le comblerait, ce trou vide de soi ? Des questions haletantes, le
souffle coupé, le désert muet de ses sentiments s'enlise dans les sables
mouvants de l'apparence, malgré le désir ardent sous les cendres.
Erreur
d'aiguillage vers un autre, anthropophage !
Comme
une ombre perdue, un reflet déguisé, reprisé, le manque devenu démesuré oblige
à maintenir ce lien malsain qui embellit la face cachée de l'être manqué. Un
lien maintenu bien qu'on n'y croie plus. Il a suffi d'un mot pour que tout
bascule. L'être désormais attaché, lié, noué, accomplit l’œuvre destructrice de
qui lui donnait des ailes, au doux temps du don.
Le don
Inutile
de demander, voici déjà le don qui se jette dans le lien, s'empêtre dans les
ficelles du cadeau empoisonné, mais avec quel bonheur ! Et c'est là toute
sa raison d'être, devenir l'indispensable, l'impensable, auquel chacun,
pourtant, veut croire. D'où vient ce trop plein d'amour inemployé qui
s'ignore ? De qui ou de quoi se guérit-on à s'offrir ainsi, sans aucune
retenue ?
Le
don, mot généreux par excellence !
Le
don se berce de toutes les illusions de la charité qui donne bonne conscience
au pays des sentiments. Au nom de l'amour du prochain, on maintient l'ordre établi sans aucun
mauvais pli, on adoube le soumis, on masque la générosité qu'on lui associe
mais qui ne peut tromper l’œil averti et insoumis à cette loi détournée du plus
fort. Possédé par qui vous tient en laisse mais pas en reste.
Quand
le bât blesse à ce point, réfléchir à ce don de soi !
Pourquoi
chercher à ce point à combler l'autre de toutes ces attentions, de toutes ces
affections, sans aucun retour ? Quelle est la blessure que ce don
soigne ? La gloire est dérisoire face aux crapules qui pullulent comme des
libellules dans les marécages, prêtes à saisir, d'un geste vif, la proie de
leurs fantasmes les plus bas. Reprendre à l'envers, à nouveau, le chemin qui
priva d'air, libère...
Toucher
terre et sortir du taire !
Jurer
qu'on ne se laissera plus prendre. La banalité de cette fatalité ne permet
toutefois pas d'en protéger d'autres. Se résoudre donc à laisser Lucifer faire
commerce de son fiel, à mots couverts, sans pouvoir mettre en faillite son
entreprise fleurie et mille et un doux mots d'amour. Garder l’œil alerte et
l'esprit vif, voici la seule garantie, s'il en est une, au pays du doux désir du Deux...
Voir aussi sur le blog concernant le Doux désir du Deux dans l'ordre chronologique de parution :
Le doux désir du Deux, Fran Nuda, essai, retours de lecteurs et l'extrait choisi de promotion
Le doux désir du Deux : l'illusion, l'autre, Fran ...
Le doux désir du Deux, Fran Nuda, essai, retours de lecteurs et l'extrait choisi de promotion
Le doux désir du Deux : l'illusion, l'autre, Fran ...
C’est certain, tu as une très belle plume, Fran.... indéniablement ! 😊😘
RépondreSupprimerMerci, Anne....😔
SupprimerHello Fran, j'aime ton texte, plus particulièrement le manque... Il me parle plus que le don, en fait c'est logique vu que je ne sois pas trop dans le don de ma personne... Pourquoi ! Sans doute le fait d'être fils unique mais pas seulement... Trop trop souvent déçu par l'humain... M'enfin lorsque je vois le dévouement actuel du personnel soignant j'ai beaucoup de leçon à apprendre ! Bisous
RépondreSupprimerAh merci Thierry de participer à cet échange. à partir de soi auquel peu répondent helas... J'apprécie vraiment.😘😍
SupprimerBon ça continue sur la même lancée , très douée maîtresse .
RépondreSupprimerPerso le manque me fait souffrir, le don non pcq je l’ai voulu .
😘
Merci Sylvie... Voilà ce qui me plaît : un échange au-delà des compliments car peu importe en soi l'auteur ici car ce qui im porte est ce qui est dit... Enfin ainsi je le vois.
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ta plume. Ma préférence se porte, instinctivement, vers ton texte sur le manque. Et plus particulièrement ces deux phrases en fin: "Il a suffi d'un mot pour que tout bascule. L'être désormais attaché, lié, noué, accomplit l’œuvre destructrice de qui lui donnait des ailes, au doux temps du don".
RépondreSupprimerAh merci Gilles... Notamment pour le relevé de cette phrase que je relis comme si ce n'etait pas moi son auteur, extraite de son contexte et c'est toujours surprenant cette impression. Pour ça, encore merci😍
SupprimerAu risque de ressembler à nouveau à ma jumelle, son commentaire illustre également mon ressenti. Souffrir du manque oui mais le don non, je l'ai choisi et pas qu'au sein du 2. Par mon métier également, les infirmiers_ieres dont on parle beaucoup aujourd'hui. Je ne l'ai jamais regretté car ça m'a beaucoup apporté et j'en ai retiré un grand bonheur
RépondreSupprimerEt pourtant n'est-ce pas, à propos de ton métier... comme quoi ! Merci de ta participation, ça me touche d'avoir des retours car l'acte d'écrire est un acte solitaire comme d'autres mais on n'a, le plus souvent, aucun retour des lecteurs donc double solitude car nous ne sommes jamais face à nos lecteurs bien qu' eux le soient, face à nous... paradoxe de l'écriture ! ;)
SupprimerToujours des mots tres justes qui donnent matiere à reflexion.Pour moi, manque et don sont tres liés.Je suis mère ,j'ai donné la vie, je suis aussi grand-mère,j'ai une famille aimée et aimante, des amis, une vie qui me satisfait, quel manque pourrais-je avoir? Et pourtant,je ressens ce besoin d'être à l'ecoute de l'autre,de donner de mon temps ou de ma personne sans attendre de retour mais jamais dans l'abnégation de moi-même.Je pense que celui qui se donne corps et âme à l'autre,au point de n'exister que par l'autre , a un manque immesurable à combler.
RépondreSupprimerJ'adhère totalement à ce que tu dis là... vraiment merci de me lire si attentivement et de livrer ton point de vue, ça me touche beaucoup. ;)
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